samedi 26 janvier 2013

La mort de la mort. Numéro 46. Janvier 2013.


Mon objectif n'est pas de peupler la France de centenaires en maisons de retraite mais que nos contemporains puissent continuer à vivre debout, autonomes, qu'ils puissent continuer à créer, entreprendre et aimer, bien au-delà de cent ans. Christophe de Jaeger, auteur de ""Nous ne sommes plus faits pour vieillir", 2012.


Thème du mois: Vampires, zombies et autres morts-vivants.


Jamais dans l'histoire de l'humanité, l'arrêt des fonctions vitales des femmes et des hommes n'a été considéré comme un point final. 

Toutes les civilisations, toutes les religions, mais aussi tous les êtres humains doués de conscience, envisagent à un moment ou à un autre une suite matérielle ou immatérielle, visible ou invisible, positive ou nuisible, volontaire ou involontaire, des personnes décédées.

Pour autant que l'on sache, la perception que la dépouille n'est pas qu'un objet inanimé s'exprime aussi chez certains animaux. Il s'agit de mammifères tels les chimpanzés, les éléphants et les dauphins mais aussi certains oiseaux tels les corbeaux qui ont des réactions spécifiques devant un de leurs congénères mort.

Chez les êtres humains, les croyances en une vie après la mort sont multiples. Les trois grandes catégories de perceptions sont les résurrections, les réincarnations et les dématérialisations (l'âme qui s'en va). Parmi toutes les croyances liées aux résurrections, le thème d'un retour d'abord malfaisant apparaît assez souvent,

Dans ces cas, la conception centrale est que le retour d'une personne morte à une activité se fait de manière néfaste pour les êtres humains ordinaires soit parce que le "mort-vivant" a besoin de se nourrir d'êtres humains ordinaires soit parce que le "mort-vivant" veut les détruire par une sorte de haine ou besoin irrépressible.

Ainsi se conçoivent les vampires qui boivent le sang et les zombies qui veulent nous tuer. Généralement, l'activité de ces êtres sera concentrée la nuit, symbolisant l'affrontement entre lumière et ténèbres, la confrontation entre la vie véritable du jour et un substitut cauchemardesque la nuit. 

Le zombie

Le zombie est un être humain passé à un état de vie très partiel. Il peut sortir de la tombe ou avoir été contaminé par un virus. Il est dégradé et même souvent en état de décomposition. Le but principal de son existence semble de détruire les êtres humains ordinaires, en les dévorant ou en les tuant d'une autre manière. Le zombie a une physiologie dégradée mais aussi des capacités psychiques à ce point diminuées que l'on ne peut plus parler de conscience autonome. Le terme "zombie" est d'ailleurs employé plus largement pour désigner des personnes mais aussi des animaux qui ne décident plus de manière autonome de leurs actes, des êtres dirigés par d'autres (des fourmis zombies dirigées par un parasite, des ordinateurs zombies contrôlés de l'extérieur,...).

Le thème des zombies a connu un énorme succès grâce au cinéma, notamment par le film emblématique "La nuit des morts-vivants". Il s'inscrit dans la lignée des réalisations artistiques qui permettent de se faire peur sans risque. Les auteurs inventent un monde hypothétique dans lequel des catastrophes improbables font apparaître notre sort y inclus notre mort comme un moindre mal.

Généralement, le seul moyen de traiter un mort-vivant, c'est de le détruire, ce qui s'avère complexe puisque l'être résiste entre autres aux armes classiques. Il n'y a pas de négociation. Le meilleur zombie est un zombie totalement détruit. Une lueur d'espoir apparaît cependant dans certains récits contemporains tels le film de 2007 "Je suis une légende" dans lequel le héros cherche à créer un médicament capable de faire revenir les zombies à l'état d'êtres humains pleinement conscients. Dans ce film et dans quelques autres, la dégradation n'est donc pas irréversible.

Les vampires

Les croyances religieuses liées au sang humain ou animal et à sa consommation sont nombreuses. C'est logique parce que la  consommation de sang d'autres animaux comme élément d'alimentation est fréquente chez les animaux mais aussi chez les humains (boudin, steak "saignant",...). Mais ce n'est que depuis le 18ème siècle que le personnage mythique tel que nous connaissons aujourd'hui a été popularisé. La consommation du sang y est, pour le vampire, un moyen de survie ou un moyen de réjuvénation.

Le thème a connu un succès littéraire considérable grâce au roman "Dracula", écrit en 1897 et ensuite grâce aux très nombreux films sur ce thème. Dans les récits, la peur et l'attirance de la mort, de la nuit, du sang et de la sexualité se rencontrent. 

Le vampire se distingue du zombie parce que l'apparence physique du vampire est très proche voire indiscernable de l'être humain ordinaire. Le vampire sera décrit comme craignant la lumière et étant de teint blafard mais ceci peut être perçu comme attirant. La  vie intérieure du vampire est riche, se rapprochant voire dépassant la complexité des interrogations proprement humaines.

Selon les récits, la représentation des vampires varie mais tend à devenir plus élaborée et plus positive au 20ème et au 21ème siècle notamment dans les séries télévisées consacrées au thème. Comme pour les zombies, l'espoir d'une guérison des vampires peut apparaître. Cette guérison n'est plus miraculeuse, comme l'était le réveil de la belle au bois dormant, mais médicale. Le vampire n'est plus un monstre mais devient un malade, incurable dans l'état actuel de la science.

D'autres morts-vivants

Les contes, légendes et religions envisagent encore bien des êtres à la frontière de la vie et de la mort. Il en va ainsi des fantômes et des goules, créatures femelles monstrueuses dévorant les cadavres. Cependant, actuellement, seuls les zombies et les vampires sont fréquemment abordés par le grand public. En ce qui concerne les fantômes, ce sont probablement les progressions technologiques qui ont sévèrement limité l'impact des croyances pour les maisons hantées. Là où ni les caméras de surveillance ni les enregistreurs ne détectent plus les créatures que les humains pensaient percevoir, les croyances se réduisent.

Un futur des morts-vivants plus vivant?

Parmi les évolutions artistiques possibles relatives  à ce qui suit la mort, un cheminement possible est une vision dystopique (contre-utopique): l'homme doit mourir. Tenter  d'échapper à son sort est dangereux pour la collectivité. Une autre vision plus positive de l'après-décès est aussi possible: la mort et ce qui survient après le décès ne sont pas immuables.

Pour ce qui est du monde réel, l'avenir sera probablement, une fois encore, plus surprenant que bien des récits imaginaires.   



La nouvelle du mois: la restriction calorique à nouveau mise en cause.



Selon une large étude transversale récemment publiée (1er janvier 2013), les personnes en léger excédent de poids et même les personnes en légère obésité ont une espérance de vie supérieure aux personnes ayant un poids supposé idéal (indice de masse corporelle de 18,5 à 25). Seule une forte obésité diminuerait l'espérance de vie. Les auteurs ne donnent pas de raison claire à cet état de fait. 

Il pourrait s'agir en fait de la conséquence du fait que les personnes maigres sont plus souvent des gens en mauvaise santé et rarement des personnes qui choisissent de manger moins pour rester en bonne santé mais cet élément n'est pas abordé par les auteurs.

Si la raison de la mortalité plus élevée des personnes les plus minces est autre que l'état de santé global de départ des personnes les plus minces, cette constatation illustre une fois de plus que nous ne comprenons pas encore beaucoup de déterminants de la durée de vie puisque c'est en contradiction avec ce que nous savons au niveau notamment des maladies cardiovasculaires.



Pour en savoir plus :

·         De manière générale: http://heales.org, http://longecity.org, http://sens.org et http://immortalite.org
·         Au sujet des vampires et des zombies: http://fr.wikipedia.org/wiki/Vampires et http://fr.wikipedia.org/wiki/Zombie_(mort-vivant)
·         Source de l'image: Couverture du premier ouvrage de Dracula

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