jeudi 31 mai 2012

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours (lettre bimestrielle, numéro 16). Mars - avril 2012.


Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois du 12 juillet 2009 prévoient une augmentation radicale du nombre de logements publics par "une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale".

Cette lettre bimestrielle a pour objectif d'être un aiguillon pour favoriser une réalisation optimale de ces objectifs. Actuellement, environ 38.000 ménages sont sur les listes d'attente des sociétés de logement social bruxellois.

Logements publics à finalité sociale
Estimation de l’état des créations connu au 1er mai 2012 
(le mode de calcul ne prend pas en compte les prêts sociaux)

6.800

Estimation du nombre total de logements publics qui, logiquement, auraient dû être créés durant le temps écoulé (sur la base de la mise à disposition de 200 logements par mois)
2.200

Estimation du nombre total de logements publics à finalité sociale
nouveaux réellement créés, à décomposer comme suit:
927

construits depuis le début de la législature dans le cadre du plan dit des
5000 logements
0créés à partir de bureaux transformés
0créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés
600

(approximativement) créés par d'autres moyens (acquisitions, locations,
contrats de quartier…)
800(approximativement) logements privés mis à disposition par les A.I.S.
- 150

(approximativement) : suppression de logements publics (acquisition
par les locataires, destruction, transformation-rénovation de petits
logements en logements plus grands, mais moins nombreux, …)
33

Nombre de mois écoulés depuis les accords politiques (34 mois depuis le
début de la législature)
86

Nombre de mois restants pour achever la mise à disposition des
logements


Après une fin d'année 2011 faste (plus de 500 nouveaux logements), depuis le début 2012,  quasiment plus rien ne se passe sur le plan de l'achèvement de constructions malgré la bonne volonté et l'énergie de beaucoup d'acteurs notamment au cabinet du Secrétaire d'Etat compétent.

Par ailleurs, un objectif important est la rénovation de constructions abandonnées et la transformation de bureaux inutilisés en logement.

Pour ce qui concerne la conversion de bureaux en logements, un processus de primes suite à un appel à projets pour la conversion en logements de bureaux obsolètes ou inoccupés est en cours. C'est un enjeu non négligeable dans une cité qui compte au moins 1,6 million de mètres carrés de bureaux inoccupés. Si, actuellement le nombre de bureaux convertis en logements à vocation sociale semble toujours égal à zéro, un potentiel formidable existe cependant.

Le calcul du nombre réel de logements à créer varie énormément selon les estimations (voir lettre de novembre 2010). La présente lettre se base sur un nombre de 25.000 logements. Dans ce nombre, il a été tenu compte des logements mis à disposition par les agences immobilières sociales (A.I.S.) même s'il ne s'agit pas au sens strict de logements à gestion publique. Par contre, il n'a pas été tenu compte des prêts de logement, car ils concernent des immeubles à gestion totalement privée.

Ci-dessus, seuls les logements effectivement mis à disposition sont comptabilisés: les chantiers, projets en cours de marché public,... ne sont pas repris. En ce qui concerne le nombre de logements en chantier, il semble être actuellement de l'ordre de 400 et le 3 mai, la construction de 38 nouveaux logements a été entamée.

Si les logements avaient été créés comme prévus, cela aurait bien sûr eu un coût. A défaut, actuellement, on peut considérer que les autorités régionales ou locales bruxelloises ont économisé près de 500 millions d'euros (sur la base d'un coût de 110.000 € par logement) aux dépens des personnes qui auraient occupé les logements. 




Informations complémentaires:


Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

Source de l'image: Habitat 67 à Montréal, vieux port.

jeudi 10 mai 2012

La mort de la mort. Numéro 37. Avril 2012.


”On va pouvoir corriger les pathologies du vieillissement”, comme les cancers ou l’ostéoporose, et “améliorer la qualité de vie” des patients. Jusqu’à atteindre un jour l’immortalité, “le but inavoué de la médecine”,  Jean-Marc Lemaitre, chercheur français de l'Inserm  ayant étudié la transformation de cellules de centenaires en cellules-souches


Thème du mois : l'espérance de vie en bonne santé



Depuis quelques années, un concept nouveau est de plus en plus utilisé en ce qui concerne les informations relatives à l'espérance de vie: l'espérance de vie sans incapacité. Ce concept est intéressant. Il s’agit de distinguer, durant la vie, les périodes durant lesquelles notre état de santé empêche une vie normale. Dans les mesures communiquées, on constate notamment généralement que le pourcentage de durée de vie en bonne santé estimée pour les femmes est moins important que celui des hommes, donc les femmes vivent proportionnellement plus longtemps en mauvaise santé.

Souvent implicitement, cette nouvelle mesure mène à une distinction entre les périodes qui « valent la peine d’être vécues » et celles durant lesquelles les citoyens se dégradent plus ou moins progressivement. Les anglo-saxons parlent de "QALY", "Quality Adjusted Life Year" c'est-à-dire d'année de vie corrigée de l’incapacité.

Il est évidemment important de mesurer, en plus de l’espérance de vie, l’état de santé. Mais mesurer la durée de vie en bonne santé est complexe:
  • Alors que le moment d'un décès est un élément indiscutable (sauf cas très particuliers comme les comas dépassés et les disparitions), il n'y a pas de limite claire entre bonne santé et mauvaise santé. La définition de la durée de vie en bonne santé dépend donc du choix des indicateurs.
  • Alors que les indicateurs statistiques relatifs à l'espérance de vie portent sur l'ensemble de la population (sauf les personnes inconnues de l'administration), les statistiques relatives aux années de vie en bonne santé sont souvent basées sur des échantillons de population.
  • Les indicateurs de vie en bonne santé peuvent être objectifs ou subjectifs. Pour les indicateurs objectifs, il peut par exemple s'agir du nombre de personnes percevant une allocation de personne handicapée, en maison de retraite, en absence de longue durée pour raison médicale…  Pour les indicateurs subjectifs, l'état de santé est simplement mesuré en demandant aux personnes si elles se sentent en bonne santé ou pas. Il va de soi que la mesure subjective, même si elle donne des résultats qu'il est important de connaitre en matière de perception, peut fortement varier selon des éléments indépendants de l’état de santé proprement dit. Pour les éléments de mesure objectifs, ceux-ci sont également très dépendants d'éléments extérieurs à l'état de santé lui-même. Les évolutions législatives en matière de sécurité sociale permettent, sur le long terme, une couverture médicale accrue.  Ainsi, en Belgique, en région flamande, des allocations spécifiques peuvent être versées pour des personnes dépendantes en plus des autres prestations de sécurité sociale proprement dites (allocations aux personnes handicapées, soins de santé, prestations de retraite, …). Ceci va augmenter le nombre de personnes décrites comme en dépendance alors que la dépendance elle-même est stable. Les indicateurs objectifs risquent donc de mesurer plus l'évolution de la couverture sociale des incapacités de citoyens que l'incapacité proprement dite.
  • La difficulté de mesure de l'espérance de vie en bonne santé est déjà importante lorsqu'il s'agit de comparer une évolution dans un pays d'une année à l'autre. Elle est encore bien plus importante lorsqu'il s'agit de comparer l'évolution au niveau international étant donné notamment les différences de perception sociologiques, linguistiques, éthiques et les évolutions différenciées des législations et des pratiques relatives à la protection sociale et au traitement des personnes selon leur état de santé.

Ce sont tous ces éléments qui expliquent vraisemblablement que, alors que les courbes mesurées de l'espérance de vie sont globalement régulières depuis des décennies avec une tendance en Europe à une augmentation d'environ trois mois par année pour les hommes et d'un peu plus de deux mois par année pour les femmes, les courbes mesurées de l'évolution de l'espérance de vie en bonne santé montrent des variations erratiques.

Voici des exemples frappants tirés de la consultation des statistiques officielles Eurostat relatives à l'espérance de vie en bonne santé des femmes:
  • Au Danemark, l'espérance de vie en bonne santé est censée être passée de 67,7 ans en 2007 à 61 ans en 2008.
  • A l'inverse de ce "cataclysme ignoré", à Chypre c’est un "miracle ignoré" qui est supposé s'être produit avec un passage de 58,3 ans de vie en bonne santé en 2005 à 63,3 en 2006.
  • En 2010, l'espérance de vie des femmes en bonne santé est supposée être de 57,8 ans en Finlande, soit en baisse de 0,5 année par rapport à 2009 alors que dans un pays voisin, la Suède, elle est supposée être de 71 ans, soit en hausse de 1,4 an par rapport à 2009. Ceci alors que la différence d'espérance de vie entre les deux pays est, elle, d’à peine un an, que les deux pays sont proches culturellement, sociologiquement et en termes de santé publique et que l’espérance de vie "pure" croit dans les deux Etats.

Dernier aspect et non des moindres: il y a, dans de nombreux mouvements politiques et sociaux, un souhait de relever d’abord les mauvaises nouvelles. Les chercheurs qui mesurent l’espérance de vie en bonne santé font un travail complexe et s’efforcent de diminuer les biais. Mais les évolutions à la baisse des indicateurs de vie en bonne santé seront rapidement remarquées par les médias surtout si elles sont spectaculaires. Les évolutions à la hausse, elles, seront le plus souvent ignorées même si elles sont importantes. Ainsi, la presse française s'est fait récemment l'écho de statistiques selon lesquelles l'espérance de vie en bonne santé aurait diminué de 6 mois par année environ entre 2008 et 2010 alors que l'espérance de vie pure elle aurait augmenté de 6 mois. Il est peu réaliste d'imaginer une dégradation considérable et rapide de la santé en France sans conséquences sur le taux de mortalité.

Les sérieuses difficultés de mesure de la durée de vie en bonne santé sont, malheureusement, assez rarement relevées dans la presse et même dans les documents spécialisés. C'est d'autant plus regrettable que, dans le cadre de l'Année européenne 2012 du vieillissement actif, l'Union européenne a notamment fixé un objectif d'augmenter la durée de vie en bonne santé des citoyens européens de deux ans d'ici 2020 sans entamer de réflexion approfondie au sujet de cette notion.

Tout ceci ne signifie pas que les indicateurs de vie en en bonne santé sont à rejeter mais, au contraire, qu'il est nécessaire d'avoir des indicateurs plus fiables et plus comparables et que les données actuelles sont à interpréter avec circonspection. Le travail accompli par les chercheurs doit être poursuivi et amplifié.

De manière relativement surprenante, la perception subjective de l'état de santé est un élément assez fiable et assez stable pour la mesure de l'évolution réelle de la santé. Mais  à deux conditions très importantes et souvent non respectées: les questions et la composition du panel de citoyens répondant aux questions doivent être identiques.

Pour les indicateurs physiques de santé, il est important entre autres de suivre précisément l'évolution de cette forme de malnutrition grave qu'est la suralimentation provoquant l'obésité ainsi que les tendances des taux de cancers et de maladies neurodégénératives. Dans ces deux derniers domaines, la croissance de l'espérance de vie et les progrès médicaux ont certainement conduit au prolongement de la vie de nombreuses personnes. Pour ce qui est des cancers, la survie ne signifie pas nécessairement une vie en mauvaise santé et les progrès médicaux améliorent souvent la qualité de la vie et pas seulement sa "quantité". Par contre, malheureusement, pour l'immense majorité des personnes atteintes de maladies neurodégénératives (sauf dans les premiers stades des maladies), la survie ne permet pas un retour à une vie de qualité.

C'est d'ailleurs probablement pour les femmes et les hommes âgés atteints de maladies neurodégénératives que les progrès médicaux dans le domaine des cellules souches, des thérapies géniques et peut-être même des nanotechnologies ouvriront la voie aux progrès les plus spectaculaires. Mais ces progrès ne se feront pas sans investissements, tant financiers qu’humains, extrêmement importants. L'objectivité oblige à écrire que ce n'est malheureusement pas dans ces domaines que les progrès sont les plus à portée de main.



La (trop ?) bonne nouvelle du mois: effet de "fullerènes" sur la longévité, une expérience prometteuse, mais aux résultats à vérifier.



Selon une étude effectuée en France sous la direction du chercheur Fathi Moussa, des rats ayant reçu une injection de molécules appelées buckminsterfullerène diluées dans de l'huile verraient leur espérance de vie presque doublée. Ces résultats très spectaculaires seraient dus notamment aux propriétés antioxydantes des substances concernées. Il apparaît cependant à plusieurs autres chercheurs que les résultats des tests sont peu crédibles étant donné notamment des erreurs et aussi l’ampleur des effets positifs. Il sera certainement très intéressant que d’autres équipes scientifiques effectuent des nouvelles expérimentations similaires.



Pour en savoir plus:

mercredi 2 mai 2012

Plaidoyer progressiste et technoprogressiste notamment pour une vie beaucoup plus longue pour tous (1er mai 2012)



L'Humanité se décrit par ses franchissements de frontière, des choses qui paraissaient impensables On était par exemple dans le récit pour s’expliquer et raconter les choses. Et puis on est passé à l’écrit. Enfin la mémoire ne se perdait plus lorsque quelqu’un mourait (…) Et Gagarine lui a franchi cette frontière de l'espace. Lorsque nous avons contrôlé, lorsque les femmes ont pu contrôler leur fécondité, c'était une frontière. Ce qui était autrefois une condition biologique a cessé d'être une servitude. Demain nous vaincrons la mort. Merci Condorcet qui l’écrivait, deux jours après il était guillotiné. Cette espérance humaine dans la foi dans l'avenir, dans le progrès, aller au-delà de soi, voilà ce qui compte, le reste…  Jean-Luc Mélenchon, 12 janvier 2012, Des paroles et-des actes, 28ème minute )

Depuis mai 2011, l'espérance de vie en bonne santé a augmenté d'environ un trimestre dans la circonscription électorale toujours non scindée de Bruxelles-Hal-Vilvorde et de près d'un semestre au Bangladesh. Des millions de citoyens néerlandophones, francophones et du reste du monde qui seraient morts au cours des douze derniers mois sans progrès de santé et croissance économique coulent aujourd'hui des jours relativement paisibles.

Jusqu'à la première moitié du siècle passé au moins, le désir de progrès technique et le désir d'égalité sociale étaient liés. La gauche rêvait de lendemains qui chantent. Ces lendemains étaient faits de plus d'égalité, de plus de biens et d'un monde plus facile à vivre matériellement et technologiquement.

Aujourd'hui, les progressistes ne rêvent plus guère de progrès technique. Ce n'est pas parce que les progrès, avant de bénéficier à tous, profitent d'abord aux riches et créent parfois du chômage pour les travailleurs pauvres, car cela a été le cas depuis des siècles. C'est probablement plus dû au traumatisme de l'échec de l'Union soviétique qui se réclamait presque indissociablement du communisme et du progrès technique. Et plus récemment, le développement des pollutions a mené beaucoup de progressistes à vouloir "renverser la vapeur" là où il fallait plutôt la purifier et donc orienter autrement.
Aujourd'hui, en termes d'abondance, les lendemains ont chanté largement. Contrairement à ce que beaucoup affirment, l'accélération est non pas moindre, mais plus extraordinaire encore dans les pays du Sud. La mortalité infantile qui était une source majeure de décès poursuit sa diminution et ceci même dans la majorité des Etats africains, malgré les ravages de la malnutrition et de l'épidémie de Sida. Au Sénégal par exemple, l’espérance de vie a cru d’environ 9 ans durant les 25 dernières. Au Bangladesh, plus encore : 12 ans.

Dans ce cadre de progrès humains globaux sans équivalent dans l'histoire de l'humanité, le téléphone mobile est le premier objet courant jamais passé du statut de bien de luxe à celui d'outil accessible à la majorité des citoyens du monde en moins d'une génération. Avant la fin de cette décennie, la majorité des citoyens du monde devrait avoir accès à des mobiles connectés à internet. Une part énorme des connaissances collectives universelles sera accessible à presque tous presque sans coût et sans discrimination. Et ainsi, même les citoyens pauvres du Sud auront accès à plus de connaissance que ce qui était accessible aux plus riches habitants des pays du Nord il y a moins d'un siècle.

Dans les développements à court et moyen terme, les progressistes gagneraient à être technoprogressistes. Ils pourraient exiger que chaque citoyen ait droit à un téléphone mobile (avec des rayonnements faibles, mais avec des accès forts à des services collectifs) plutôt que de se concentrer sur les risques de ces appareils. Ils gagneraient à proposer que Google, Wikipédia fonctionnent comme des services publics de plus en plus développés plutôt que d'intervenir presque exclusivement par rapport aux dangers.

Une gauche proactive pourrait exiger des investissements publics importants pour permettre à tous de vieillir beaucoup moins dans quelques décennies. Aujourd'hui les différences entre espérances de vie au Sud et au Nord s'amenuisent. Mais si les recherches pour une meilleure santé et une vie plus longue sont envisagés avec méfiance, les progrès seront réservés aux plus aisés, seuls capables de s'offrir les soins et à ceux capables de vivre là où les particules fines sont moins nombreuses.

Une gauche favorable aux progrès pourrait plus globalement réclamer des investissements technologiques collectifs plus importants dans les domaines médicaux, de diffusion des connaissances et de gestion des énergies. Dans ce dernier domaine heureusement, les écologistes et la gauche semblent devenir ou redevenir technoprogressistes, mais en axant l'essentiel de leur énergie sur la problématique du réchauffement climatique. Ceci alors que la question environnementale principale, proche, mais pas identique, est celle de la mise à disposition suffisante et rapide d'énergies abondantes, non polluantes et renouvelables.

Ces avancées fantastiques ne résolvent pas (encore?) tous les problèmes de bien-être. Ceci s'explique notamment parce que l'abondance est un instrument insuffisant pour permettre le bonheur de tous. De plus, au-delà d'un certain niveau de confort matériel, la perception du bien-être se fait presque exclusivement par comparaison avec le niveau matériel des autres, lequel niveau progresse aussi. Il reste donc à la gauche (et pas qu'à elle) à découvrir comment augmenter le bonheur dans une économie d'abondance où le lait et le miel, symboles d'abondance et de bonheur, coulent tellement pour tous que cela ne nous satisfait plus.

Pourquoi encore la gauche doit-elle être technoprogressiste? Pour développer l'égalité du futur. Mais aussi parce que les progressions technologiques rapides comprennent des risques immenses  dans les développements en cours souvent abordés (pollutions, effets de serre, risques pour la vie privée, fracture numérique,...) mais également dans les développements à moyen terme. Ce sont des risques existentiels liés à la maîtrise de plus en plus absolue de la structure du vivant, de la matière et peut-être à terme au développement de l'intelligence artificielle. Et le principe de précaution dans une société évoluant, ce n'est pas toujours arrêter les modifications technologiques, cela peut-être au contraire les accélérer pour sauver des vies et diminuer des risques.

Pour que le progrès technique ait le plus de chance d'être aussi un progrès tout court, pour que les lendemains extraordinaires soient aussi des lendemains qui chantent, un des éléments favorables est une gauche proactive, capable de faire primer paix, égalité, justice et souci du bien commun sur les intérêts financiers et matériels à court terme. Peu de politiques de gauche semblent l’avoir compris.

Il faut penser globalement pour agir localement. Il faut aussi penser à long terme pour agir à court terme. La question n'est plus de savoir si les progressions technologiques vont permettre une vie beaucoup plus longue en bonne santé, mais de réfléchir collectivement aux conséquences, de permettre à tous ceux qui le souhaitent de vivre plus longtemps et de maitriser les risques. La science-fiction d'aujourd'hui, rêve ou cauchemar, voire plus probablement rêve et cauchemar, ne sera pas seulement la réalité de nos enfants, ce sera aussi la nôtre.


Pour des informations statistiques relatives aux progressions en matière d'espérance de vie: http://www.gapminder.org

Ce texte est une version actualisée d'un texte distribué à la fête du 1er mai depuis 2009. Rendez-vous le 1er mai 2013!