lundi 20 juin 2011

La commune de Molenbeek fortement médiatisée ces jours-ci...

Une entreprise décide de quitter Molenbeek pour un autre lieu notamment pour des questions d'insécurité. Et cela génère des dizaines d'articles dans la presse belge francophone et néerlandophone y inclus des "unes".

Fascinant comment parfois un évènement passe au centre de l'actualité (et en ressort parfois aussi vite). Pas que je minimise le traumatisme d'agression (j'en ai d'ailleurs déjà été victime). Mais pourquoi certaines victimes sont-elles médiatisées et d'autres pas, cela reste partiellement un mystère pour moi. Ceci étant écrit, des débats intéressants s'ouvrent et j'espère qu'ils se poursuivront au-delà de l'actualité.

Ci-dessous le communiqué "officiel" d'Ecolo et de Groen! Molenbeek à ce sujet. La suite notamment au conseil communal de Molenbeek (au Karreveld) le 30 juin à 20 heures.

Et puisque la non-violence devrait être un thème qui fait consensus, voici la statue de Gandhi au Parc Marie-José, en plein Molenbeek (à 300 mètres de la station de métro Beekkant).





Communiqué de presse ECOLO-Groen! Molenbeek : Vivre ensemble à Molenbeek : un défi communal ! (19/06/2011)

Ecolo et Groen Molenbeek (opposition) ont suivi avec intérêt et parfois étonnement les réactions des uns et des autres suite à l’annonce du départ d’une entreprise du quartier maritime. Il importe, sur des questions aussi sensibles, de prendre en compte l’ensemble des dimensions qu’elles recouvrent et de laisser place à la nuance.

La commune de Molenbeek s’étend sur un large territoire et connaît des réalités bien différentes selon les quartiers.

Le quartier Maritime dont il est question ici connaît régulièrement et ce depuis longtemps des tensions que l’on ne peut nier. Ces tensions sont d’ordres multiples : économiques, culturelles, sociales, sécuritaires,… et touchent également, même si c’est dans une moindre mesure, d’autres quartiers de la commune et de Bruxelles.

A ces difficultés, il faut fournir une réponse globale. La commune ne peut répondre seule aux problèmes liés, par exemple, au chômage, à l’échec scolaire, à la délinquance, ou encore au de trafic de drogue. Mais si les autres niveaux de pouvoir régional, communautaire et fédéral ont leur part à prendre, la commune a évidemment un rôle important à jouer comme acteur de proximité.

Si la commune investit dans le quartier, notamment via les maisons de quartier, la CLES-sports et le centre communautaire maritime, il y a un manque criant de politique proactive de la part de la majorité en place pour aider au « vivre ensemble » dans le quartier. La commune semble avoir opté pour une politique à courte vue tentant dans le meilleur des cas à divertir les habitants plutôt que de viser à un travail de fond qui renforcerait leur participation citoyenne et par la même leur intégration dans la vie sociale.

Le cercle vicieux de la peur et du renfermement sur soi doit être stoppé net. Il s’agit de mettre en place un réel plan d’action oeuvrant au dialogue interculturel et à la construction collective du quartier par les habitants, les entreprises, les associations, les travailleurs, les écoles et les pouvoirs publics.

Parallèlement, il importe que chacun puisse se sentir en sécurité. Pour ce faire, il est urgent de renforcer les moyens pour la zone de police : remplir le cadre (il manque une centaine de policiers pour remplir le cadre de la zone), réévaluer les moyens financiers pour la zone (vu l’augmentation importante de la population) mais également d’avoir plus de policiers bruxellois qui connaissent les réalités du terrain. Enfin, il s’agit d’évaluer l’utilisation des moyens. Il serait extrêmement positif pour l’image de la police, pour son contact avec la population de renforcer la police de proximité : agents de quartiers, brigade piétonnes ou cyclistes devraient remplacer partiellement les patrouilles automobiles.

Enfin, la commune doit mener une politique proactive d’accueil des entreprises et des commerces dans notre commune qui ne manque pas d’atouts : c’est une commune proche du centre-ville, bien desservie par les transports en commun, qui a sur son territoire le futur plus grand pôle intermodal (gare de l’ouest), une commune qui regorge d’espaces publics verts et conviviaux, avec une population jeune aux talents multiples.

Il est urgent que mixité, diversité et dialogue soient mis au rang des priorités dans toutes les dimensions de la politique communale.

En cohérence avec toutes nos interpellations depuis le début de la législature sur ces enjeux, nous interpellerons les autorités lors des prochains conseil de police du mardi 21 juin et conseil communal du jeudi 30 juin.

Sarah Turine, cheffe de groupe Ecolo au conseil communal Molenbeek

Didier Coeurnelle, conseiller communal Ecolo et conseiller de police Bruxelles Ouest

Analisa Gadaleta, présidente Groen! Molenbeek

Annemie Maes, cheffe de groupe (Groen!) au Parlement bruxellois en conseillère de police Bruxelles Ouest

dimanche 12 juin 2011

La mort de la mort. Numéro 26. Mai 2011.


L'éthique de l'envoi d'un cargo humain (pour un voyage interplanétaire durant des décennies) devrait être examinée attentivement. Sauf si nous pouvions allonger la durée de la vie humaine pour la rendre suffisamment longue pour entreprendre un tel voyage. Et je pense que c'est ce que nous finirons par faire. "Into The Universe With Stephen Hawking - The Story Of Everything" (traduction)


Une vie humaine naturellement extrêmement courte: les victimes de la progéria et d'autres maladies accélérant le vieillissement


Une vie humaine "normale" dure actuellement dans les pays de l'Union européenne environ 75 ans. Dans le monde, la durée "normale" est de 65 ans. Et au Nord comme au Sud, cette durée augmente au rythme d'un trimestre chaque année.

Mais de temps à autre, les hasards de la génétique ont des conséquences dramatiques pour certains citoyens en provoquant un vieillissement fortement accéléré et une mort prématurée.

Plusieurs affections sont connues. La maladie de sénescence accélérée la plus dramatique est la progéria.

Cette maladie (également appelée Syndrome de Hutchinson-Gilford) provoque presque toujours la mort avant l'âge adulte. Ceux qui en sont atteints resteront sans descendants directs. C'est une des raisons qui en font une maladie extrêmement rare, ne touchant que quelques centaines d'enfants de par le monde.

Les autres maladies qui provoquent un décès prématuré ne provoquent généralement le décès qu'à l'âge adulte.

Le syndrome de Werner est une forme d'accélération du vieillissement qui débute souvent entre 10 ou 20 ans. Les individus atteints ont une forte prédisposition au cancer et à l’infarctus du myocarde et meurent généralement avant 50 ans.

La maladie de Huntington (ou chorée de Huntington) provoque une dégénérescence neuronale qui commence vers 40 ou 50 ans et se termine par le décès une vingtaine d'années environ après les premiers signes visibles de la maladie. En Europe, environ une personne sur 10.000 est atteinte.

Pour les maladies provoquant un vieillissement rapide moins grave que la progéria, les malades pourront transmettre la maladie à leurs enfants. Ce qu'ils faisaient d'ailleurs jusqu'à un passé récent - et ce qu'ils font encore parfois - sans même avoir conscience qu'ils transmettent une maladie redoutable.

Les parents potentiels ont-ils le droit d'avoir des enfants porteurs de ces maladies? A ceux qui seraient tentés de répondre par la négative, il convient de faire quelques remarques à ce sujet. Au jour d'aujourd'hui, comme le disait un humoriste à l'humour acide, la mort de vieillissement, n'est rien d'autre qu'une maladie transmissible sexuellement, mortelle à 100 %. En l'état actuel avoir un enfant, c'est donc toujours le condamner à mort à moyen, long, très long ou extrêmement long terme. Est-ce immoral si l'enfant atteindra entre 40 et 60 ans mais pas s'il atteindra entre 70 et 90 ans?

C'est probablement l'éthique implicite majoritaire aujourd’hui. Permettre une vie courte est immoral, permettre une vie "normale" est moral. Et peut-être que la morale majoritaire de demain, sera de considérer comme immoral le fait de mettre au monde des enfants dont l'espérance de vie est de moins de 100 ans.

Livrons-nous à une expérience de pensée. Imaginons un monde différent où la durée de vie serait de 40 ans et où jamais un être humain n'aurait dépassé 60 ans. La société de ce monde trouverait logique que la vie soit divisée entre deux grandes phases. Une première pour devenir adulte avec les parents comme éducateurs et une deuxième pour travailler, penser et être productif jusqu'à la mort précédée d'un vieillissement rapide.

Il est presque certain que, si le monde était fait ainsi, des moralistes, des philosophes et des autorités religieuses nous expliqueraient combien il est nécessaire d'exister sans nos parents. Ils nous "démontreraient" que, sans la sagesse de la nature, la société serait sclérosée car nous ne pourrions devenir indépendants de nos parents que lorsque nous serions vieux nous-mêmes. Ils nous expliqueraient qu'une société avec plusieurs générations vivant en même temps serait insoutenable car enfermant les jeunes adultes dans un double carcan, celui des parents et celui des grands-parents.

Mais l'humanité n'est pas comme dans cette expérience de pensée. C'est vivre une vie d'adulte avec des grands-parents vivants au moins jusqu'à l'âge de 40 ou 50 ans qui est aujourd'hui la norme. Et des médecins et scientifiques de par le monde s'attachent à comprendre les maladies provoquant une mort trop rapide pour un jour les guérir. Tout comme d'autres médecins et scientifiques de par le monde s'interrogent sur les moyens de retarder ce qui, en cette année 2011, est le moyen le plus "normal" de mourir: les suites du vieillissement aux alentours de l'âge de 80 ans.


La bonne nouvelle du mois: un scientifique propose de "doubler la vie" en une décennie

A l'occasion de la publication le 26 mai de son ouvrage "Au-delà de nos limites biologiques", Miroslav Radman, scientifique français d'origine serbe, multiplie les interventions médiatiques dans le monde francophone. Il propose de "doubler la vie" c'est-à-dire de multiplier l'espérance de vie par deux en fort peu de temps. Il envisage même explicitement l'échelle de la décennie.

Évidemment, cette vision est d'un optimisme assez débridé. Un optimisme presque plus débridé que lorsque, 50 ans et un jour auparavant, le 25 mai 1961 Kennedy annonçait l'homme sur la lune avant la fin de la décennie.



- Pour en savoir plus de manière générale: http://sens.org/, http://imminst.org/, http://heales.org/ et http://immortalite.org/
- Pour voir le documentaire "Into The Universe With Stephen Hawking - The Story Of Everything": http://www.livedash.com/transcript/into_the_universe_with_stephen_hawking-%28the_story_of_everything%29/6222/DSCP/Sunday_May_02_2010/282433/
- Pour acquérir l'ouvrage "Au-delà de nos limites biologiques: http://www.amazon.fr/Doubler-sa-vie-Miroslav-Radman/dp/2259211070/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1303464020&sr=8-1
- Pour en savoir plus à propos de la progéria: http://fr.wikipedia.org/wiki/Prog%C3%A9ria
- Pour réagir ou recevoir la lettre d'information: info@heales.org

- Source de l'image (enfant atteint de progéria)

dimanche 5 juin 2011

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours (Lettre bimestrielle, numéro 11). Mai 2011.

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2009 sont ambitieux. Ils prévoient, en une période de 10 années, une augmentation radicale du nombre de logements publics par "une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale".

Le calcul du nombre réel de logements à créer varie énormément selon les estimations (voir lettre de novembre 2010). Cette lettre se base sur un nombre de 25.000 logements. Dans ce nombre, il a été tenu compte des logements mis à disposition par les agences immobilières sociales (A.I.S.) même s'il ne s'agit pas au sens strict de logements à gestion publique, mais il n'a pas été tenu compte des prêts du logement, car ils concernent des immeubles à gestion totalement privée.

Dans ce cadre, malgré la bonne volonté, le travail et le courage de bien des acteurs du dossier, il est clair que l'objectif décennal ne sera pas atteint à moins d'une modification radicale du rythme des réalisations. L'objectif est d'autant plus difficile à atteindre que, vu la croissance rapide de la population bruxelloise, les constructions privées nouvelles sont nombreuses. Et donc, l'objectif de 15 % de logements publics suppose un nombre absolu de logements à créer de plus en plus élevé.

La présente lettre bimestrielle a pour objectif d'être un aiguillon pour favoriser néanmoins une réalisation partielle des objectifs.

Au cours des deux mois écoulés, seuls deux logements sociaux ont été inaugurés. D'autres inaugurations sont cependant annoncées pour la fin de l'année ainsi que des nouveaux projets. Le nombre total de logements en projet est aux alentours de 4.500. Mais parmi ceux-ci seuls 798 sont en construction. Et malheureusement, ce nombre est moindre qu'il y a 7 mois (il était de 978 en décembre 2010). Et tant qu'une construction n'est pas démarrée, la réalisation effective d'un projet reste fortement aléatoire. Un récapitulatif détaillé des projets en cours est disponible sur le site du Secrétaire d’État compétent, Christos Doulkeridis.

Force est de constater que près de deux ans après l'inscription dans les accords notamment du principe de la réaffectation de bureaux vides et de la transformation d'immeubles à l'abandon en logements à vocation sociale, rien de concret ne semble encore réalisé et ceci alors que l'accord mentionnait explicitement le court, moyen et long terme.

Ci-dessous, seuls les logements effectivement mis à disposition sont comptabilisés: les chantiers, projets en cours de marché public,... ne sont pas repris.


État de la réalisation des 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 31 mai 2011)(ce mode de calcul ne prend pas en compte les prêts sociaux):

  • Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: aux alentours de 1.250. Composé comme suit:
  • Nombre de logements publics nouveaux construits depuis le début de la législature dans le cadre du plan dit des 5000 logements: 252

  • Nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0

  • Nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0

  • Nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations, contrats de quartier...): non connu avec précision, peut-être aux alentours de 400

  • Nombre de logements privés mis à disposition par les A.I.S.: non connu avec précision, probablement aux alentours de 600

  • (-) Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...): non connu avec précision, probablement aux alentours de 0
  • Temps écoulé : 22 mois depuis les accords politiques (23 mois depuis le début de la législature)

  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 97 mois

  • Nombre total de logements publics qui auraient dû être créés durant le temps écoulé (sur la base de la mise à disposition de 200 logements par mois): 4.600

  • Somme minimale économisée par les autorités régionales ou locales bruxelloises aux dépens des personnes qui occuperaient les logements (sur base d'un coût de 100.000 € par logement): un peu moins de 350 millions d'euros


Informations complémentaires:

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 du 12 juillet 2009 est accessible à la page
http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

- Un site officiel
http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d’État bruxellois au Logement et à l'Urbanisme durant la législature précédente. Le contenu de ce site a été supprimé et le nom de domaine est aujourd'hui en vente.


Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

Source de l'image (projet de logements sociaux à Amsterdam en 1914)