mercredi 5 mai 2010

La mort de la mort. Numéro 14. Avril 2010.

Tôt ou tard, il devrait être possible de trouver le remède non seulement contre telle ou telle maladie, mais contre la véritable fatalité – contre la mort. En somme, le remède de l’immortalité devrait exister. Aujourd’hui aussi les hommes sont à la recherche de cette substance curative. La science médicale actuelle s’efforce, non d’exclure à proprement parler la mort, mais d’en éliminer toutefois le plus grand nombre possible de causes, de la reculer toujours plus ; de procurer une vie toujours meilleure et plus longue. Extrait de l'homélie du Pape Benoît XVI, 3 avril 2010



Thème du mois: une vie beaucoup plus longue et la religion catholique



Jusqu'ici les religions sont comme les hommes, elles meurent de vieillesse ou d'accident. Plus personne ne croit en Zeus, Jupiter, Amon ou le serpent à plumes. Mais ceci ne prouve ni que toutes les religions existantes disparaîtront ni que les hommes mourront toujours de vieillesse. Le passé éclaire le futur; il ne l'enferme pas.

Si certains pensent que les avancées scientifiques sont contre la religion, en fait cela peut être l'inverse. Si des époques ont été marquées par le refus d'admettre la possibilité que la terre tourne, aujourd'hui le pape lui même peut parfois faire plutôt figure de précurseur. C'est que nous assistons à un tournant.

Beaucoup, si pas toutes les religions, promettent une vie après la mort. Voici deux millénaires que la religion catholique annonce, pour les hommes et les femmes, le retour de tous à la vie dans le futur. Alors que bien des notions comme celles de diable, d'enfer s'étiolent, la croyance en une vie après la mort reste généralement présente chez les chrétiens.

Mais que déclare la religion catholique à propos d'une vie beaucoup plus longue avant la mort. Est-ce souhaitable?

Selon la Bible, Adam et Ève ne pouvaient au départ pas vieillir, ce n'est qu'après avoir goûté au fruit de l'arbre de la connaissance qu'ils furent atteints. Toujours dans la Bible, avant le déluge, les hommes vivaient bien plus longtemps et atteignaient, ce que nous appelons encore des âges "bibliques" ou " canoniques. Mathusalem aurait ainsi atteint l'âge de 969 ans.

A l'occasion de la fête de Pâques, le pape s'est prononcé au sujet d'une vie beaucoup plus longue. De manière a priori assez surprenante, il estime que l'homme trouvera tôt ou tard le remède contre le vieillissement. Cela s'explique probablement par le fait que le dirigeant de l'église catholique est conseillé notamment par des scientifiques bien informés. Mais il poursuit en écrivant que si cela devait arriver L’humanité vieillirait dans une proportion extraordinaire, il n’y aurait plus de place pour la jeunesse. La capacité d’innovation s’éteindrait et une vie interminable serait, non pas un paradis, mais plutôt une condamnation.

Il pourrait être d'abord rétorqué au pape que la population mondiale n'a jamais été aussi âgée qu'aujourd'hui dans l'histoire de l'humanité. Et que sa force d'innovation n'a jamais été aussi forte. Et que même un pape de 83 ans (Benoit XVI) a encore des capacités d'innovation! Certains pourraient même accuser les autorités catholiques de craindre que le catholicisme qui promet la résurrection après la mort perde de son attrait si nous pouvons vivre très longtemps avant la mort.

Mais, par-delà ces arguments, plus pragmatiquement, il peut être rappelé que jusqu'à ce jour, en ce qui concerne les progrès médicaux, des réticences sont apparues dans le monde chrétien au début des progrès et tant qu'ils étaient en élaboration. Mais elles ont disparu une fois le progrès technique établi. Il en a été ainsi par exemple pour les analgésiques et pour les dissections.

Rien, dans la religion catholique n'interdit la prolongation de la vie et donc aucune limite n'est fixée. Au contraire, le fait d'aider son prochain à vivre mieux est considéré comme souhaitable et la Bible a de nombreuses reprises décrit des vies beaucoup plus longues que les actuelles.

Il est donc permis d'envisager que les déclarations du pape s'adaptent aux évolutions de santé et technologiques à venir tout comme la religion catholique s'est adaptée par le passé. L'homélie du pape du 3 avril 2010 est un premier pas de prise de conscience de ces évolutions.



Les bonnes nouvelles du mois



Les Etats de l'Union européenne unissent leurs forces pour la recherche sur le vieillissement

Des chercheurs de toute l'Europe se sont réunis en Suède le 15 avril pour élaborer une nouvelle stratégie pan-européenne pour lutter contre des maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson.

Cette mesure est la première initiative conjointe visant à répondre aux "grands défis" ne pouvant être résolus par un État membre agissant seul. Plus d'informations: http://www.euractiv.com/en/science/eu-countries-join-forces-on-ageing-research-news-448949.

La fondation Methusalem a créé un prix: le "Neworgan Prize". Il met au défi les scientifiques de réaliser, avant 2020, la transplantation d'un organe (foie, rein, cœur,...) créé à partir des propres cellules du patient. Plus d'informations: http://www.mfoundation.org.

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